Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
~Des mots au fil de la plume~
~Des mots au fil de la plume~
Archives
27 mai 2006

Shiwaseni naru sonotokini

Un texte qui parle de ce que j'ai ressenti, ce que j'ai imaginé en écoutant la chanson de Glay (un groupe de Jrock/Jpop) dont elle porte le titre. Y'a rien à dire de plus, la chanson est magnifique, j'ai été lin de rendre ce qu'elle exprime vraiment.

Juin 2005 :

Shiawaseni Naru sonotokini 

            Le soir se couche. C'est un soir ordinaire, fin d'une journée ordinaire ou presque. J'avoue que, bien qu'étant un fait exceptionnel de ma part, je ne considère pas sortir avec une amie faire un peu de shopping et manger au fast-food puisse être considéré comme sortant vraiment de l'ordinaire. Tout est donc banalement habituel.

Depuis ma fenêtre grande ouverte à cause de la chaleur, j'aperçois quelques habitations, des monts boisés et bien verts malgré le temps sec. Le soleil a disparu depuis pas mal de temps derrière l'un de ces reliefs, les nuages se teintent alors de tons roses qui s'assombrissent peu à peu. La vue est classique de ces soirs d'été où la fraîcheur est tant attendue.

Je m'avance sur la terrasse, mais n'y fait qu'un seul pas. Les premières notes d'un morceau de musique viennent de s'élever avec douceur, et bloquent tout action. J'écoute le piano jouer avec la partition; ce n'est pas grand-chose, un ré, un mi, deux ou trois accords. Le premier thème se répète deux fois, me fait penser à ces berceuses qui habitent les boîtes à musique. Mais je sens que cette chanson-là a quelque chose de spécial, qui donne à ce soir un charme plus tendre que tous les autres. Elle nous invite à y prêter attention : elle semble vouloir nous raconter une histoire.

La guitare s'ajoute ensuite au piano, sans rien déranger à l'harmonie. C'est une acoustique il me semble, et le son qui en sort est aussi pur que ceux qu'elle accompagne. J'ai déjà entendu énormément de duos de ce genre, qui m'ont fait plus d'une fois frissonner ou pleurer, mais celui-là paraît plus parfait que tous. Il emporte celui qui l'écoute dans son récit, le fait vibrer comme un enfant qui découvre la beauté du monde pour la première fois.

Et puis soudain, voilà le conteur. Les instruments se taisent un infime instant, et je retiens ma respiration avec eux. La voix s'élève. Elle est douce, touchée au plus profond par ce qu'elle exprime. Tous ses mots d'une langue qui m'est totalement étrangère paraissent n'avoir été créés que pour fabriquer ensemble cette merveille. Peu importe d'ailleurs ce qu'ils signifient à cet instant, le plus important est dans ce que je ressens, ces sentiments qui m'ouvrent la porte de l'inaccessible.

La voix chante un murmure. Je ne sais qu'imaginer. Elle semble pencher sur une forme qui dort, à moins que cela ne soit l'émotion qui lui empêche de nous parler plus fort. Les mots paraissent arrachés; elle tremble, notre guide ! Et moi aussi je frissonne. Quelque chose en moi se trouble, s'émeut. Ce n'est pas visible encore, quiconque passant ne pourrait remarquer mon trouble. Mais je ne peux ni bouger, ni parler. Je veux juste écouter.

Je vois la neige tomber. Une douleur immense prend la forme de la voix suppliante. Je me l'imagine observant son amour dans la neige; mais les mots lui manquent pour lui dire ce qu'elle ressent, et elle s'affaiblit. Alors l'aimé ne la voit pas, il s'éloigne et je pleure pour mon conteur blessé, qui doit être en larmes lui aussi.

Je joins mes mains, comme une prière. La vie paraît alors si cruelle… Peut-être suis-je entendue. Le piano et la guitare recueillent le chanteur exténué, les accords s'accélèrent, la passion revient. Timidement d'abord -les notes sautent légèrement- mais peu à peu il semble que l'espoir revient. Je l'imagine retrouvant de la force, prendre un courage auquel il se remet à croire. La neige a fondu, un rayon de soleil éblouit l'être aimé qui aperçoit son soupirant… Un sourire.

Moi je me suis envolée. Mes mains serrées se noient de ces sanglots qui me secouent de plus belle. Je ne suis pas triste, mais il y a quelque chose de tellement beau dans ce retournement de situation, dans cet enchaînement d'accords parfaits, dans la spontanéité de la voix… Je pleure, je me laisse entraîner par la joie qui anime maintenant le morceau. Je vois des rires, des courses. Il y a un réel bonheur dans les mots de mon conteur, jamais ce sentiment n'avait trouvé de meilleure interprétation. Et c'est tellement inattendu -une flûte se joint même à nous- que ne je peux arrêter mes larmes.

Enfin, déjà, il semble que la chanson tire à sa fin. La voix baisse, plus satisfaite que jamais de ce qui lui arrive. Le printemps est là, toutes les fleurs de cerisiers s'envolent pour recouvrir le ciel de joie, les amants se sont retrouvés pour l'éternité.

La voix soupire. Le piano envoie encore quelques notes avec sa fidèle compagne. Le thème nous revient, ralentit, puis se meurt sans à coups.  L'histoire est finie, l'enfant est toujours endormi, et notre conteur semble heureux de la grâce de ce sommeil. Il se retire sans un bruit.

Je me suis arrêtée de bouger. Les sanglots ne me secouent plus, mais je ne peux rien faire. Quelque chose a changé; comme si j'étais personnellement impliquée dans les quatre minutes qui viennent de s'écouler, que je n'ai pas réellement vécu. Il m'est arrivé de bloquer le temps l'espace d'une chanson.

Alors pour ne pas perdre cette atmosphère précieuse, je prends le crayon et j'essaie de vous raconter, beaucoup moins bien que les notes qui m'enveloppent sans cesse depuis une heure et demie.

J'espère ne jamais perdre ce souvenir. Si la vie pouvait être comme cette chanson, je pense que le monde serait parfait.

La nuit est tombée. Il va me falloir abandonner mon conteur et me laisser aller aux rêves.

'Bonne nuit mon ange, et n'oublie jamais… Je t'aime.'

TC

Publicité
Commentaires
~Des mots au fil de la plume~
Publicité
Derniers commentaires
Publicité