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~Des mots au fil de la plume~
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3 août 2007

Concept, partie 4

           Il ne manquait plus que ça. Cette enquête était un désastre. Ils étaient dans une ville de fous, et maintenant ils se retrouvaient prisonniers au milieu de jeunes filles hystériques. Qui sait ce que le sort leur réservait encore ?

Scully était dans un coin de la pièce, exaspérée. Cette histoire commençait à réellement l'énerver. Le pire dans tout ceci était peut-être encore le sourire béat de son partenaire. 'Un enlèvement ! C'est bien dans la coutume des extra-terrestres ça, d'enlever les gens ! Et puis, tu as bien entendu ce qu'elles ont dit... Ce n'est pas possible, ce n'est pas humain tout ça, je suis sûr que...' Oui, oui, elle savait. Les extra-terrestres. Et puis quoi encore ? Elle allait se retrouver enceinte par l'action du Saint Esprit ?

Non contents de les avoir enlevés, il fallait aussi que ces 'shippers' se fassent indiscrets. Ils la questionnaient, la harcelaient avec une foule de questions sur sa vie privée. Ils ne pouvaient pas se mêler de leurs oignons et lui foutre la paix ?

Et pendant que Scully essayait de conserver secret un minimum de sa vie privée, Mulder discutait tranquillement avec l'une des filles. Et il ne semblait pas mal à l'aise du tout. Au contraire, il paraissait plutôt ravi de pouvoir en savoir un peu plus sur ces 'shippers'.

‘Alors, si j’ai bien compris… vous êtes… vous faites en quelque sorte une fixation sur certaines personnes ?

-Ouais, en gros on peut dire ça.

-Ce que je ne comprends pas, c’est pourquoi ?

-Ah, ça, pourquoi, on n’en sait trop rien.

-Et, là, en l’occurrence, c’est sur Scully et moi que votre attention s’est portée.

-C’est ça.

-Mais, pourquoi nous ?

-Ah là là, c’est pas possible, il faut toujours tout vous expliquer… C’est ça le problème de tous les shippers, c’est que vous ne comprenez jamais de quoi il s’agit.

-Et bien allez-y, j’ai l’esprit très ouvert vous savez…

-Non non, ça ne sert à rien. Vous nous direz que c’est pas vrai. Jamais vous n’avouerez.

-Ca dépend… Si vous voulez parler de la sucette de la voisine qui a disparu quand j’avais cinq ans, je vous préviens, vous faites erreur, c’est pas moi !

-Non non, cette histoire est intéressante mais ce n’est pas le sujet…

-Allez, juste pour moi !

-Non.

-Je vous préviens, j’ai les moyens de vous faire parler !

-Je vous ferais remarquer que pour l’instant c’est vous qui êtes prisonnier, vous n’avez aucun moyen de pression.

-Je peux toujours vous promettre… Qu’est-ce qui vous ferez plaisir ?

-Euh… attendez, que je réfléchisse… Ah, je sais ! Je veux votre affiche !

-Mon affiche ?

-Oui, le ‘I want to believe’ placardée derrière vous dans votre bureau !

-Vous êtes folle ?! Je ne peux pas accepter ! J’ai dû tuer quelqu’un pour avoir celle-là !

-Et bien tant pis…

-Oh, allez, s’il vous plaît !’

Et là, il sortit son arme secrète : un regard de chien battu à faire fondre les glaces de l’Arctique. Fascinée par ce regard et, il faut le dire, totalement sous le charme de celui qui avait été élu Agent le plus sexy de l’année, la jeune fille ne résista pas longtemps.

‘D’accord, je peux bien faire un petit effort, mais c’est bien parce que c’est vous !

-Chouette ! Allez-y, je vous écoute !

-Et bien… Que pensez-vous de Scully ?

-Scully ? C’est une fille bien. Un peu bornée parfois mais je l’aime bien, avec sa masse de défauts.

-Elle est plus qu’une collègue pour vous.

-Bien sûr ! C’est une amie. Ma meilleure amie.

-Et jamais il ne vous est venu à l’esprit qu’elle pourrait être plus que ça ?

-Vous voulez rire ? Elle est beaucoup trop maniaque, met du pollen dans ses yaourts, et… elle ne croit même pas aux extra-terrestres !

-Mais ça n’a rien à voir… Vous l’aimez quand même.

-Non.

-Même pas une quelconque attirance ?

-Jamais de la vie. Je vous l’ai dit, c’est une amie !

-Et voilà, c’est toujours pareil ! Vous dîtes tous la même chose. Vous êtes tous aussi têtus ! Simple question, parce qu’il faut que je comprenne moi, pourquoi si vous n’êtes pas attiré par elle vous vous amusez parfois à la dessiner de manière… vous voyez de quoi je parle…

-Ah, ça… euh… Ca n’a rien à voir c’est… Mais… comment vous savez tout ça ? Vous avez fouillé mon bureau ?!

-Non non, bien sûr que non ! Mais, vous savez, nous suivons votre carrière depuis le début. Nous savons beaucoup de choses sur vous. Nous sommes des fans quoi ! Et, il faut que je vous l’avoue, les shippers sont mêmes des fans très spéciaux. A vrai dire, nous avons parfois l’impression d’être des êtres à part, un peu comme si nous venions d’une autre planète…’

A qui le disait-elle ! Il savait bien que les extra-terrestres étaient derrière cette histoire, maintenant il en avait la preuve ! Cette jeune fille venait de lui avouer ! Il fallait absolument qu’il le dise à Scully…

Que faisait-elle d’ailleurs Scully ? Il tourna la tête, et aperçut sa partenaire qui discutait avec un shipper… Il ne s’en était pas rendu compte mais pendant qu’il parlait d’autres personnes étaient rentrées dans la boutique, et l’un des nouveaux venus avait l’air de sérieusement mettre en rogne sa chère amie. Oh, mais il le reconnaissait celui-là ! C’était celui qu’il avait surpris en train de les suivre tout à l’heure ! Il se fraya alors un passage entre les shippers qui envahissaient de plus en plus la pièce afin d’entendre ce qu’il pouvait bien être en train de dire à sa chère amie…

‘Dîtes, Scully, entre nous, l’Agent Mulder et vous…

-Nous travaillons ensemble.

-Oui, bien sûr… Vous devez vous ennuyez ferme quand même dans votre sous-sol.

-Nous voyageons beaucoup.

-Il paraît. Vous passez donc beaucoup de temps ensemble…

-Dans le cadre strictement professionnel, bien entendu, plus de trente-cinq heures par semaine.

-Ca doit créer des liens, à force.

-Peut-être.

-Etre seule, tout le temps, avec un partenaire du sexe opposé…

-Qu’est-ce que vous insinuez là ?

-Rien, rien, je constate.

-Il ne s’est jamais rien passé entre Mulder et moi !

-Rien du tout ?

-Rien du tout.

-Vous mentez mal Agent Scully.

-Et vous, vous exposez des théories totalement infondées.

-Non, pas totalement. Je me suis renseigné. Les rumeurs vont vite au FBI.

-Des rumeurs ?

-Oh, pas grand-chose. Des bruits étranges qui proviennent de votre sous-sol. Des ascenseurs qui se bloquent…

-Vous êtes complètement malade !

-Ne dîtes pas ça. J’ai des preuves…’

Un instant, une lueur de crainte passa dans les yeux de Scully, et son visage devint légèrement plus pâle. Comment pouvait-il bien avoir des preuves ? C’était totalement impossible. Tout ce qui aurait pu être découvert, ce n’était que les marques d’affection purement amicales qu’ils s’échangeaient parfois et qui n’étaient secrètes pour personne. Mais qui sait ce que de tels fous auraient pu chercher…

Voyant que Scully hésitait à répondre, le visage de son interlocuteur s’illumina d’un sourire victorieux.

‘Je le savais ! Je le savais ! Jamais vous n’auriez fait cette tête si vous n’aviez rien à cacher.’ Puis, se tournant vers les autres shippers : ‘Vous avez vu ? Nous avions raison ! Il faut ré-éplucher tout ce que nous avons. Nous avons dû passer à côté de quelque chose. Il doit y avoir une preuve quelque part !’

A cette annonce, Scully ne fut plus seulement embarrassée, mais à la limite de la panique. Qui sait ce qu’ils allaient pouvoir trouver ? Ce n’était pas possible, elle était en train de faire un cauchemar, elle allait se réveiller et tout ceci serait fini. Discrètement elle se pinça pour être sûre qu’elle ne dormait pas. Malheureusement non, la douleur était bien présente, tout comme ces gens autour d’elle, et même Mulder qui la regardait, tout aussi embarrassé qu’elle. N’avait-il donc pas une idée pour les sortir de là ? Non, apparemment, il était occupé à se gratter le crâne comme toutes les fois où il se trouvait dans une impasse. Et bien, c’était donc encore à elle de prendre une décision. Elle choisit la plus raisonnable des possibilités : accepter la défaite, signer l’armistice et négocier la paix.

‘Bon, d’accord, j’abandonne, pouce ! J’en ai marre, vous avez gagné ! Qu’est-ce qu’il faut qu’on fasse pour que vous arrêtiez de me poser toutes ses questions et redeveniez des gens normaux ?

-Oh, c’est facile, juste un peu de shipperisme…

-Du shipperisme ?

-Oui ! Oh, pas grand-chose, trois fois rien.

-J’ai peur de ce que vous appelez ‘trois fois rien’.

-Et bien…’ firent-ils, se regardant avec malice. Puis, l’un d’entre eux vit – tout comme Scully d’ailleurs, de moins en moins rassurée – le regard de Mulder briller de cette petite lueur frénétique qu’il prenait quand il avait résolu une affaire. Il avait compris… ‘Mulder, vous ne voudriez pas lui expliquer ? Elle vous connaît, elle vous fait confiance. Vous pourriez peut-être la persuader ?

-Je peux toujours essayer.

-Mulder, à quoi tu joues ?

-Rien, rien, j’essaie juste de dénouer la situation. Je sais ce qu’ils veulent.

-Ah oui, et quoi donc ?

-Et bien…’Il chercha quelques secondes les mots qui pourraient lui faire comprendre. ‘Dis-moi, Scully, tu voudrais pas être un peu concept juste une minute ?

-Concept ?’

Mais de quoi parlait-il ? Comment pourrait-elle être un concept ? Un concept de quoi en plus ? Etait-il fou ?

Et puis soudain, elle se souvint (tout à fait, sinon c’est une erreur de temps). Toute à l’heure, à leur arrivée, quand il lui avait dit qu’elle était un amour… ‘L’amour est un concept’, n’était-ce pas ce qu’elle lui avait répondu ? Et maintenant, il voulait… Il plaisantait ? Apparemment non. La manière dont il la regardait, dont il s’était avancé vers elle – il en était presque trop sérieux.

‘Mulder, tu es fou ! Jamais !

-Et pourquoi pas ? Juste quelques secondes !

-Non, c’est impossible !

-Scully, laisse ton égo de côté un instant. C’est seulement pour qu’ils soient contents et nous laissent tranquille.

-Justement. Ils demandent ça maintenant, mais qui sait ce que cela sera après ? Ces gens-là, plus tu leur en donnes, plus ils en veulent.

-Scully, s’il te plaît…

-Non, il est hors de question. Scientifiquement parlant, c’est hors de question.

-Je suis désolé, dit-il aux shippers. Vous l’avez entendue. Qu’est-ce que je peux faire contre ça ? Je ne peux pas lui demander de me donner plus que ce qu’elle veut bien m’offrir.’

Mais les shippers n’étaient pas de cet avis. Que Scully le veuille au non, ils auraient ce qu’ils voulaient. Et ils l’auraient maintenant. Il n’était alors plus question d’être discrets, de faire des sous-entendus. Ils avaient bien trop attendu comme ça. Il était temps d’employer les grands moyens.

‘Le bisou, le bisou !!! se mirent-ils tous à crier.

-Embrasse-la !

-Allez, vas-y !

-C’est pas possible, reste pas planter là comme un idiot ! Embrasse-la banane !

-Hey, mais c’est un fruit ça la banane ! répondit Mulder, vexé. Est-ce que je ressemble à un fruit ?

-Oh, toi, ce n’est pas la peine de prendre la mouche, rétorqua Scully, qui trouvait plutôt marrante l’idée de s’imaginer Mulder déguisé en banane.... Tu crois que j’ai l’air d’un concept moi ?

-Ben…            

-Dis, à ton avis, tu es plus proche de la banane ou du concept toi ?

-Oh, euh… et ben… Un peu des deux je pense…’

Et ils se mirent tous les deux à rire de cette réponse stupide. Pliée en deux par cette soudaine hilarité, Scully se tint à l’épaule de son partenaire, essayant de garder un minimum de décence devant ces gens.

Les shippers, eux, s’étaient tous tus. Ils le sentaient, la fin de leur attente était proche.

Quelque chose en effet chez les deux agents semblait s’être produit. Tous deux calmés, ils prenaient conscience du contact physique qui s’était établi entre eux, cette main posée par inadvertance. Ils étaient si proches, à l’étroit parmi ces gens…

Sachant qu’il n’aurait pas d’autres occasions, Mulder tenta le tout pour le tout : son plus beau regard, celui du pauvre petit chien battu qui supplie son maître pour un peu d’affection.

‘S’il te plaît, juste un petit bisou, pour les calmer…’

Amadouée par cette tentative, détendue après leur fou rire, Scully sourit. ‘Un baiser, mais à tout prendre qu’est-ce ?’

Alors, presque imperceptiblement, ils commencèrent à se rapprocher. Autour d’eux, plus rien ne bougeait. Les shippers avaient arrêté de respirer, les mouches de voler, même la pendule avait cessé son habituel tic-tac, la terre ne tournait plus, l’univers entier s’était immobilisé. Seuls Mulder et Scully continuaient de se rapprocher.

Leurs lèvres allaient se toucher. Le silence était complet.

Il y eut une lumière. Un éclair aveuglant remplit toute la pièce.

***

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